Mathieu Lagouanère, journaliste, rédacteur en chef de Vivre Nîmes Bonjour à tous, on vous emmène aujourd'hui à la découverte de Carré d'Art pour une visite un peu particulière puisque c'est à l'architecture même du bâtiment qu'on va s'intéresser. Carré d'Art a été imaginé en 1993, il y a 30 ans par Norman Foster et pour en parler c'est François Curato qui est architecte associé chez Foster et qui vient spécialement de Londres qui va nous servir de guide. Allez venez ! - Bonjour François. François Curato, architecte associé cher Foster and Parteners - Bonjour. Mathieu Lagouanère, Vivre Nîmes Alors avant toute chose, est-ce que vous pouvez nous expliquer la genèse de Carré d'Art ? François Curato, architecte La genèse de Carré d'Art c'est avant tout une opportunité incroyable de venir créer en plein cœur de la ville de Nîmes, dans le cadre prestigieux que l'on connaît un bâtiment entièrement public qui rassemble sous un même toit : une bibliothèque publique, un musée, une boutique, un restaurant et beaucoup d'autres fonctions tout ça dans un cadre le plus ouvert et le plus convivial possible qui permet vraiment à tous les Nîmois de pouvoir s'approprier ce bâtiment. Le tout avec un véritable défi à l'époque pour Norman Foster c'est le voisinage avec cette Maison Carrée. Avec ce défi viennent des opportunités extraordinaires. Des opportunités de créer un dialogue, bien entendu, entre l'architecture romaine et l'architecture du XXe siècle Et puis créer une pièce urbaine qui devienne finalement l'ensemble de l'espace Carré d'Art plus Maison Carrée. Deux bâtiments qui commencent à dialoguer entre eux via des jeux de proportions, de types de mise en œuvre... Tout ça c'est finalement un objet unique qui dépasse largement le périmètre du bâtiment lui-même. Mathieu Lagouanère, Vivre Nîmes - On va jeter un œil à l'intérieur ? François Curato, architecte - Avec plaisir. Mathieu Lagouanère, Vivre Nîmes Alors ce qui frappe d'abord, bien sûr, c'est la lumière, c'est l'espace grâce à l'utilisation du verre et à ce qu'on appelle en architecture des murs rideaux. François Curato Oui effectivement, c'est vrai que l'utilisation de murs rideaux qui sont ces éléments de menuiserie, de serrurerie et de verre qui viennent se positionner entre les éléments structurels. C'est un principe qui nous a particulièrement intéressé parce que cette technologie elle répond vraiment à la manière dont la Maison Carrée est construite. Il laisse finalement l'écriture des poteaux comme l'écriture principale du bâtiment dans lesquels viennent s'insérer ces grands éléments vitrés qui permettent la lumière à l'intérieur, la transparence, la connexion dedans dehors. Mathieu Lagouanère, journaliste Vivre Nîmes Et cet espace Norman Foster l'a imaginé comme un atrium en fait. François Currato, architecte Absolument. Et cet atrium il est intéressant à plusieurs niveaux. Tout d'abord c'est vrai que c'est une forme architecturale relativement traditionnelle que les Romains utilisaient beaucoup dans les villas. C'était cet élément un petit peu central qui venait relier tous les espaces entre eux. Dans le cas de Carré d'Art c'est intéressant tout d'abord parce que ça fait descendre la lumière au cœur du bâtiment, ça permet d'avoir des mouvements ascendants qui nous permettent d'avoir de la ventilation naturelle. Et surtout ça nous permet d'avoir un espace qui fait communiquer entre eux les différentes parties du programme du bâtiment. C'est vraiment cet élément fédérateur qui vient finalement être la colonne vertébrale du bâtiment. Mathieu Lagouanère, journaliste Vivre Nîmes Carré d'Art on l'a dit c'est du verre, c'est de la lumière mais c'est aussi du béton. Le béton est un matériau important dans la réalisation de ce bâtiment. François Currato, architecte Absolument le béton est un matériau important et qui est particulièrement intéressant ici parce que c'est les Romains qui l'ont inventé. Mais ce qui est intéressant c'est que ce béton-là il est très visible, il est très exposé, il est très montré. Et ce faisant, on comprend un petit peu comment la structure fonctionne, comment le bâtiment finalement tient debout. Mathieu Lagouanère, journaliste Pour comprendre mieux encore comment il est soutenu par ce béton il faut s'enfoncer sous terre là où les visiteurs n'ont pas forcément accès. François Currato, architecte - Allons-y ! François Currato (devant l'ascenseur) - Allez-y. - Merci. Mathieu Lagouanère, Vivre Nîmes On se trouve maintenant au niveau -4 à 25 mètres sous terre dans une partie inaccessible au public et d'ailleurs l'essentiel du bâtiment est invisible depuis la surface. François Currato En effet, Carré d'Art c'est un bâtiment avec des besoins en espace qui est assez important et une parcelle relativement réduite en taille. Et comme un des enjeux du projet c'était de ne pas dépasser de la skyline des toits de Nîmes et bien il a fallu trouver de l'espace là où il y en a c'est-à-dire en sous-sol. Aujourd'hui Carré d'Art c'est 4 étages en superstructure un entresol et 4 étages de sous-sol donc une grande partie du programme est sous terre. La partie, j'allais dire, immergée de l'iceberg. Mathieu Lagouanère, Vivre Nîmes Et tout cela repose sur ce qu'on voit là, ces gigantesques piliers de béton. François Currato, architecte Ces piliers de béton effectivement on les reconnaît, on en a vu des similaires plus tôt mais ceux-là sont beaucoup plus imposants. Et pour cause, on a 9 étages au-dessus de nous donc les charges s'empilent sur ces poteaux-là et ceux-ci doivent reprendre l'ensemble des charges de Carré d'Art et donc sont très largement surdimensionnés. Mathieu Lagouanère, Vivre Nîmes Alors les coulisses dans lesquelles nous nous trouvons servent d'espace technique et de réserve à Carré d'Art, de réserve notamment pour la bibliothèque l'endroit où je vous propose de nous rendre maintenant. François Currato, architecte Allons-y ! Mathieu Lagouanère, Vivre Nîmes On se trouve maintenant dans la bibliothèque et ce qui frappe outre la modernité du bâtiment c'est son parfait état 30 ans après son inauguration. François Currato, architecte C'est vrai que ça nous a toujours impressionné la manière dont le bâtiment vieillissait bien. Je pense qu'il y a plusieurs sujets. c'est vrai qu'en termes de conception on essaie toujours d'avoir des bâtiments qui soient résilients qui soient flexibles, qui soient durables mais c'est vrai qu'il faut aussi louer la manière dont le bâtiment a été maintenu et entretenu. C'est vrai que la leçon c'est que quand on donne des bâtiments qui sont beaux et qui plaisent aux gens et bien en général ils sont bien maintenus et on en prend soin. Mathieu Lagouanère, Vivre Nîmes Un chantier de rénovation a d'ailleurs été mené en 2017 avec des objectifs environnementaux. François Currato, architecte Absolument, on a eu la chance incroyable 25 ans après l'ouverture du bâtiment de le revisiter à la fois fonctionnellement et énergétiquement. On est arrivé à réduire la consommation énergétique du bâtiment de près de 30 %, Et ce avec des dispositifs assez simples. Par exemple en rééquipant les luminaires d'origine, en les réutilisant avec de nouvelles sources moins énergivores ou par exemple en introduisant de la ventilation naturelle qui utilise la géométrie de l'atrium pour réduire l'usage de la climatisation. Mathieu Lagouanère, Vivre Nîmes - Merci beaucoup François pour cette visite guidée de Carré d'Art. François Currato, architecte - Merci. Mathieu Lagouanère, Vivre Nîmes Carré d'Art, bien sûr, n'est pas qu'un formidable objet architectural, à la fois musée, médiathèque, café, restaurant, c'est d'abord un lieu de vie pour tous les Nîmois. Retrouvez notre série de vidéos Suivez le guide ! sur la chaîne YouTube de la Ville de Nîmes et sur notre site internet vivrenimes.fr